Alors que Sirius était en train de ne rien faire, assit, ou plutôt affalé sur un fauteuil Mumus se planta devant lui. Ouvrant les yeux le sorcier regarda son ami qui lui expliqua qu'il avait encore cinq rouleaux de parchemin à noircir et ce pour demain. Quoi ?! Tiens il n'était pas au courant de ça. Fronçant les sourcils il commença à réfléchir en se demandant comment il avait pu passer à côté de ça.

« Pour quel cours ? » questionna-t-il Lunard.

Ce dernier lui répondit qu'il s'agissait du cours de Métamorphose et Sirius lâcha un grand :

« AAAAAH d'accord ! Je comprends mieux pourquoi je ne m'en souviens pas. » ajouta-t-il avec un sourire en coin.

C'était ça de dormir. Mais après une nuit blanche à mater la carte du Maraudeur, à discuter avec James et à penser à... à Peter... Il avait eu besoin de se reposer. Et quoi de mieux que le bois bien dur de sa table ? Soupirant il se leva préférant s'y mettre avant d'entendre les réprimandes de son ami. Il prit une plume, de l'encre et commença à griffonner sur son parchemin ce qui lui venait à l'esprit. Lunard, satisfait, sorti de la Salle Commune. Bien sur le Loup-Loup avait surement déjà finit son devoir. Il était vraiment... Surprenant ! Posant sa joue sur son poing fermé Sirius bailla réellement ennuyé par ce devoir sorti de nulle part. Si ça se trouve Rémus lui faisait une blague ! Hum non Lunard ne plaisanté jamais avec les cours. Boarf ! Alors que ses yeux se fermaient il entendit des éclats de voix derrière lui. Il se redressa rapidement et tourna son visage fin vers la source du bruit. Il vit deux élèves qui se chamaillaient pour savoir si oui ou non les Mangemorts étaient la cause de la mort de Peter. De SON Peter. Se levant rapidement dans un raclement de chaise Black se dirigea vers eux d'un pas rapide, brutal, le visage fermé. Il se planta devant les deux Gryffondor qui pâlissaient à vu d’œil. La réputation de Sirius n'était plus à faire et parler de Peter en sa présence n'était pas conseillé. Sirius prit une grande inspiration avant de prendre la parole d'une voix calme et glaciale :

« Ne vous avisez plus de discuter de ce sujet quand je suis dans les parages. Mangemorts ou pas le coupable paiera » lâcha-t-il dédaigneux, la voix coupante. « Ne vous mêlez pas de cette histoire et laissez Peter où il est. C'est à dire très, très loin de vous ! » ajouta-t-il en appuyant bien sur le mot loin. « Maintenant dégagez de là » conclut-il avant de se détourner d'eux.

Sans un regard de plus il se rassit et se remit au travail sa plume grattant le parchemin le trouant presque. Ses phalanges étaient blanches tellement il serait sa plume. Et sa mâchoire lui faisait mal. Ne pas pleurer. Plus jamais.

Marlene était assise sur un des canapés de la salle de commune des Gryffondor. Elle fixait le feu, tout en caressant un chat qui appartenait à un quelconque Gryffondor... Lorsque soudain, Lily arriva derrière elle et lui demanda si elle avait terminé le devoir d'histoire de la magie. Marlene répondit d'un simple haussement de sourcils. « Lily, je l'ai fini avec toi il y a une heure. » Mais la rouquine lui expliqua qu'il y avait eu un léger changement, et qu'il y avait encore cinq rouleaux de parchemins à remplir pour le lendemain. « Cinq rouleaux ?! » s'étouffa Marlene. « Lily, je te jure que je vais perdre ma main si je dois encore écrire ne serait-ce qu'un mot ! »

Mais Marlene était une bonne élève après tout. Alors, elle s'installa au sol, face à la table basse et se pencha sur son sujet de dissertation. Allons-y. Elle n'avait pas fait plus de trois lignes lorsque des éclats de voix la dérangèrent. Il s'agissait de deux élèves qui venaient de pénétrer dans la salle commune des rouge et or. Et ils semblaient se disputer violemment au sujet des évènements récents qui étaient apparus à Poudlard. Et surtout l'assassinat de Peter. Oh, Marlene aurait pu les ignorer et se concentrer sur son devoir, mais elle fronça les sourcils et tendit l'oreille, c'était plus fort qu'elle. Finalement, elle se redressa d'un coup, et ils firent la pire erreur de leur vie.

« Hey, McKinnon ! T'en penses quoi, toi ? »

Ladite McKinnon les fusilla du regard. Peter était son meilleur ami. Parler de sa disparition de façon aussi... Aussi... Rah, elle ne trouvait même pas les mots. Et cela l'énervait. Mais revenons au présent. Les deux crétins lui avaient demandé son avis. Elle s'approcha d'eux, menaçante. Oui, même si Marlene était toute maigre, elle paraissait vraiment menaçante. Ses yeux lançaient des éclairs, et les deux types reculèrent d'un pas, semblant saisir toute l'idiotie de leur question.

« Ecoutez moi bien, bande d'idiot. Peu importe qui est derrière cette attaque, je sais qu'ils paieront, et que cela ne se reproduira plus. Dumbledore veille. Et ne vous avisez plus jamais, vous pigez, plus jamais de parler de Peter comme s'il n'était qu'un vulgaire cadavre » Sa voix n'était pas forte, et ressemblait assez à un grognement menaçant. Ou à un feulement de chat en colère. Elle tourna les talons n'ayant rien de plus à dire et retourna s'assoir devant son devoir tandis que les deux étudiants de Gryffondor montaient dans le dortoir.

Marlene respira à fond, tentant de se calmer. Elle ne les avait pas frappés. Ils avaient eu de la chance. Bien plus que Peter...
Oh, par Merlin, ce qu'il pouvait lui manquer !

Bon cette fois, c’était officiel. Tous les profs avaient la tête dans le Cranson, depuis la rentrée ou plutôt l’affaire P. Comme Alice aimait l’appeler. Car ces derniers temps, parler de Petigrow en terme plus claire, c’était s’exposer à des mines lugubres ou inquiètes. Ce n’était pas un manque de respect de sa part, juste un moyen d’essayer de dédramatiser l’impensable. Peter avait été une personne qu’elle appréciait au point même de lui demander de l’accompagner au bal. Bon d’accord, c’était pour que Franck ouvre les yeux et enrage un peu, mais quand même… Il ne méritait pas ce qu’il lui était arrivé.

Enfin bref, si elle essayait de ne pas y penser en lui donnant un nom de code, c’était bien pour ne pas le faire au moment même où elle était débordée. Dépassant un petit groupe de groupie spéciale Sirius, elle sortit de la classe en ronchonnant. Elle ne comprenait décidément pas ses filles qui n’avaient qu’un petit pois en guise de cerveau. Oui ce garçon était charmant, avec un petit côté mystérieux mais rassurant mais est ce que ça lui valait un fan club attitré ? Non. Enfin, elle ne le pensait pas en tout cas. Pas plus que Potter ou Lupin. Mais allez savoir pourquoi, les plus jeunes les portaient en triomphe à chaque occasion. Alice avait beau apprécier Rémus et Sirius, leur amitié la satisfaisait amplement. Quant à Potter… Hum… Et bien c’était Potter.
Heureusement pour elle, son manque de féminité du matin lui avait permit de chausser de simples converses et elle pouvait donc abattre une bonne distance à une allure plutôt élevée. Et donc, entrer dans la bibliothèque avant leur arrivée. Enfin, s’ils y mettaient les pieds car on ne pouvait pas dire qu’ils soient très travailleurs…

Déposant sur une table un peu reculée, son sac et ses affaires de cours, elle soupira en faisant le vide dans son esprit. A force de toujours s’éparpiller, ses pensées se transformaient en une fresque digne d’un Kandinsky. Mais même si elle aimait l’art abstrait, pour rédiger les cinq rouleaux demandé, il valait mieux qu’elle se concentre. Surtout que travailler dans l’urgence, ce n’était pas dans ses habitudes, elle qui prenaient toujours l’avance dans toutes les matières… Mais ce n’était pas le moment de geindre, elle avait mieux à faire. Déjà en train d’ouvrir son encrier, elle prit sa plume la plus fine et s’évertua à écrire habilement le résumé de ses pensées…

« … en est un. J’en suis certain. »
« Cet idiot ? Impossible, il n’aurait pas le cran. D’ailleurs Peter l’aurait arrêté avant qu’il ne l’attaque. »

Relevant les yeux de son parchemin en entendant le prénom de son défunt ami, Alice tendit l’oreille, raide comme un piquet. Il fallait qu’elle en apprenne un peu plus. Visiblement les deux jeunes sorciers qui s’échauffaient à force de paroles, se trouvaient juste derrière le rayon qui lui faisait face. De telle façon qu’elle ignorait encore tout d’eux.

« C’est toi l’idiot. Quel meilleur moyen de s’infiltrer que de se faire sous estimer de tous ? Même Dumbledore n’a rien vu, la preuve. »
« Dumbledore est plus vieux que la barbe de Merlin, il ne doit surement plus avoir toute sa tête ! Quant à sa vue, il me semble bien que ses lunettes font office de décor ! »

Grimaçant, Alice baissa les yeux sur sa plume. A force de la serrer comme elle le faisait, elle en avait écrasé le bout sur son papier. Elle serait bonne à jeter, quant à son devoir, il était imbibé d’une grosse tâche d’encre à l’endroit même ou sa plume se tenait au par avant. Frappant du point sur la table, Alice jeta sa plume un peu plus loin. Décidément ces deux là ne lui faisait perdre que du temps et de la patience ! Sans parler des immondices incroyables qu’ils déversaient à longueurs de minutes.

« Tssss »

Dans un grognement revêche, Alice avait laissé échapper un simple son révélant qu’elle avait suivi leur conversation. Et si elle avait espéré que ça les feraient fuir, ça ne fit qu’attiser leur intérêt pour elle, au point que les deux jeunes garçons contournèrent la rangée de livres. En la voyant, l’un d’eux murmura quelque chose à l’oreille de son compère. Ce qui fit hocher vigoureusement la tête du second. A n’en pas douter, l’affaire du message de menaces et la réaction qu’elle avait eue, la poursuivait…

« Alice ! Toi tu dois sûrement sav… »
« Non ! Je ne vais certainement pas parler de ça avec vous. Pas parce que j’ai trop de travail, ce qui est pourtant le cas, mais parce que vous êtes aussi futés que des Trolls. Au lieu de répandre des rumeurs, vous feriez mieux de faire confiance à vos aînés, comme par exemple le professeur Dumbledore. »

Nerveuse, elle s’était montrée glaciale au fil de ses mots et incisive à chaque reprise de souffle. Mais ça avait du bon car les deux garçons étaient devenus aussi pâle qu’un clair de Lune hivernale. Et vus le visage qu’ils tiraient, ils ne s’en remettraient pas de si tôt. Amusée, elle cacha son sourire dans un grognement et finit par marmonner :

« Et dans une bibliothèque, on se tait. »

Bon ok, là elle se la jouait presque à la manière de Lily, quand son amie jouait son rôle de préfète. Mais ça avait du bon d’être plus ancienne et puis, malgré tous ses efforts, elle avait encore tout son travail qui l’attendait…